Pandora – La boîte de Pandore

2007
Douze ébauches de vision sur une idée d’Abel Robino

Textes de José Tono Martínez
Notes, croquis de Abel Robino
Projets de Gonzalo Bartha


La revue argentine La Pecera réunit le plasticien Abel Robino, le poète Tono Martínez, ledesigner industriel Gonzalo Bartha, autour d’une question :
Quelle était la forme de la boîte de Pandore ?

Une installation itinérante – Paris, Madrid, Buenos Aires


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I.
La boîte de Pandore est une corde d’or qui, en se détressant et se dépliant,
couvre ton visage entier et le mien, comme une chevelure sous le soleil de l’été, dans les pinèdes, emmêlés d’ombres basses, pendant que nos pieds ardents, sur le sable jaune, jouent à se rencontrer.

Note : Tâches jaunes sur cadres cassés, comme des chevelures.


II.
La boîte de Pandore nous apprend que rien n’est éternel, ni même l’éternité,
pas plus tous les mots que nous pouvons inventer pour exprimer cela même et ses variantes.
Mais la boîte de Pandore est la liberté de savoir cela même, et de continuer,
de le dire chaque jour, bien que le doute nous assaille,
et que nous pressentions que tout cela ne sert à rien.

Note : croquis à peine tracés. Une boîte ouverte ?


III.
La boîte de Pandore est le costume de verre qui nous couvre,
comme une pluie qui voyage depuis le début des temps, nous emportant dans les airs,
en minuscules particules, parcourant névés et cordillères, rivières,
forêts, deltas renversés sur des villes peuplées, vers le haut et le bas,
le dehors et le dedans, comme une toute petite région ou un espace qui a oublié son nom.

Note : forme de cercueil, forme fermée.


IV.
Les morts ne reviennent pas, me dit soudain ma fille Icíar, de quatre ans.
Elle me le dit comme ça, sans prévenir, pendant que nous marchons dans une rue de Madrid,
de l’école à la maison. – De ça, il n’y a pas de doute, me dis-je.
Et cependant, d’une certaine manière, ils sont toujours nos contemporains.
C’est ce que nous dit la boîte de Pandore.

Note : espace vitré, travailler le verre qui couvre…


V.
La boîte de Pandore est une maison hermétiquement fermée et obscure qui garde toute la douleur du monde, ses injustices. Ici tout demeure en condensé, vif, récupéré, toujours au présent. Ici sont les conversations des parents et amis qui se disent au revoir avant que leur ville ne soit rasée et conquise par la horde exterminatrice du nouveau conquistador. Ici sont les enfants qui dorment et qui ne savent pas ce qui les attend. Ici sont toutes les victimes de l’Histoire avec majuscule, dans son avancée imparable : les torturés, déportés, persécutés, condamnés, fusillés, brûlés, enterrés, incinérés et oubliés. Maintenant, nous sommes en février 1944, à Auschwitz-Birkenau, sur la vieille terre des rois et ducs de Piast, fondateurs de la Pologne.. Ici sont deux garçons, nus et transis, qui se serrent dans les bras, terrorisés, alors que le gaz asphyxie leurs poumons et ils pensent au goût de cette sueur sèche et sale qu’ils partagent, qui était aussi le goût de l’été. Grâce à la boîte de Pandore, jusqu’à eux nous étendons la main, pour les toucher et les tirer jusqu’à nous, jusqu’ici, en cet instant, grâce à un pli du temps et de l’espace que notre art inaugure et permet.

Note : Forme concentrée, la souligner avec des tâches obscures


VI.
La boîte de Pandore et les amulettes. A certaines époques de leur plus grand empire,
les égyptiens anciens arrivèrent à estampiller cent quatre amulettes pour protéger le défunt
pendant son ultime voyage. Cette multiplication de polices d’assurance paraît cacher
un certain septicisme sur leur efficacité même.

Note : Amulettes tachées qui entourent la forme comme pour la protéger, caractéristique des amulettes.


VII.
Ce qu’apprit Antoine de Saint-Exupéry de la Boîte de Pandore (en volant) :
» la perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à éliminer « .

Note : Sur croquis déjà fait, éliminer des parties au hasard.


VIII.
Epitaphe en forme de haïku sur la boîte de Pandore :
Voyage,
Voyage,
tant que tu peux.

Note : Gratte autant que tu peux gratter au centre de l’image.


IX.
La boîte de Pandore n’a pas de formes et les a toutes. C’est un nuage.
Il se déplace. Le nuage est un miroir dans l’air. Le miroir se lézarde et c’est une rivière.
lle se déplace aussi, jusqu’à la mer de la Tranquilité.
La mer de la Tranquilité est sur la lune.
« Dans le ciel va la lune / avec un enfant à la main »,
écrivit Federico García Lorca dans son Romancero.

Note : Ouvrir le croquis jusqu’à presque perdre le concept structure-boîte.


X.
La boîte de Pandore est le carrefour où se rencontrent les justes, l’arbre qui protège les doux entreprenants, la maladresse respectable des humbles,  l’infinie bonté de ceux qui construisent en pensant à la septième génération,
là où voltigent comme des bulles de savon ou comme du mais grillé,
les vieillards généreux d’esprit, et les jeunes discrets qui tendent leurs mains
pour s’aimer et s’embrasser, parce pour eux la vie c’est comme ça.

Note : Violenter le croquis énergiquement.


XI.
La boîte de Pandore contient la seule possibilité pour que quelqu’un se souvienne de nous à la fin des temps. C’est pour cela que nous ne savons pas la voir.
Alors que chaque jour nous trébuchons sur elle. Comme une cité invisible.

Note : Essayer le vide, la transparence.


XII.
La boîte de Pandore est un chemin d’eau, de bois, de pierre et d’air.
Sa façon est notre sueur. Son destin est le fer. Sa libération, le feu intérieur de l’esprit libre et le banquet du libertin. Entretemps, tous les livres du monde et les adieux de don Miguel de Cervantes, écrits en prologue à son Persiles, quatre jours avant de mourir, destinés au Comte de Lemos, le 19 avril 1616 :

« J’ai déjà le pied à l’étrier
avec les affres de la mort,
grand seigneur je t’écris.
Hier j’ai reçu l’extrême-onction ; et aujourd’hui j’écris ; le temps est bref, 
les angoisses grandissent, les espoirs s’amenuisent, et, avec tout ça, 
je porte la vie sur le désir que j’ai de vivre… « .

Note : Deux boîtes superposées. Encore de l’espérance ?
Une ligne de couleur ? L’unique comme idée de la créature humaine ?


LES PROJETS

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Projet 2A
Laja de yeso moldeado con pasta piedra,
labrado y patinada con apliques de color a mano

Caoba laminada, calada con láser.
Espesores menores a 5 mm. hasta 2 mm. como mínimo


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Projet 2B
Caja de Pandora
compuesta por una sucesión de costillas de caoba (1 mm),
sellada con una tapa moldeada ;
Laja de yeso moldeado con pasta piedra, labrado y patinada con apliques de color a mano
Caoba laminada, calada con láser.
Espesores menores a 5 mm. hasta 2 mm. como mínimo


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Projet 2C


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Projet 3

Según Hesíodo, el mito original cuenta que fue un jarrón y no una
caja lo que Zeus obsequió al matrimonio formado por Epimeteo y Pandora
Tapa y cuerpo en aluminio fundido y posteriormente torneado
Un zafiro engarzado en la tapa
Madera torneada, calada, teñida de color negro


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Projet 5