ReLF

2012.
Compilation de dessins et œuvre graphique

In memoriam Defina Gil Soria



ReLF est une compilation graphique que Abel Robino concocta pour un livre.
Elle rassemble son œuvre sur papier réalisée en 2012, composée de Graffitongos, d’une série de serviettes et emballages et des Cahiers accordéon.
Ces derniers sont des cahiers chinois pliés, dessinés en forme de frise-tatoo et réalisés dans le quartier de San Telmo à Buenos Aires : «Fusées perdues», «Tornaboda», “Cuaderno Friso Noval” y “Paisaje Calado”.

Le mot ReLF célèbre le fameux tango de Cadícamo «Los Mareados» qui dit dans une ses strophes :
Rara, como encendida, la vi bebiendo, Linda y Fatal”.
“Etrange, comme Enflammée, je l’ai vu boire, Belle et Fatale”.
La ville de Buenos Aires, qui n’est qu’une supercherie partagée, niche ce genre de croyances.


Ce catalogue enferme des graffitis, des dessins vite fait, des dessins style tatouages, des décorations ornementales, des dessins de téléphone —ceux qu’on faisait au téléphone, sans réflechir, quand ils étaits encore fixes— des dessins classiques et aussi des gribouillages, tout ce qui a été fait en 2012 dans l’œuvre de Abel Robino.


Les Graffitongos
C’est un projet complètement rayé débuté en janvier pendant une grippe mal soignée. Robino se servit du délire fievreux comme matériau : « essayer de dominer le tracé pendant que la fièvre te domine… Jamais je n’ai autant tremblé et transpiré pour quelques lignes » nous dit Robino.
Cette fièvre finit par produire toute une série de cahiers gravés, dans un style proche du graffiti, mais «triché» avec un zeste classique, d’où son nom Grafitongos. Tongo signifie en effet tricherie en lunfardo, l’argot de Buenos Aires.

Ces travaux furent exposés dans des lieux peu recommandables : tables de bar, couloirs, halls d’entrée, des lieux de passage…
Ainsi sont nées les “expo¬ fantômes”. Il s’agissait de voyager et d’exposer n’importe où, selon la coutume japonaise : montrer et ranger, afin que l’œuvre n’occupe qu’un instant.

Après les cahiers, les matériaux utilisés furent ceux de l’occasion : papiers d’emballage, sacs de boutiques et serviettes de restaurant.
Dans un premier temps dans un appartement privé de Mar del plata lors d’une réunion d’élèves de lettres, ils furent montrés aux badauds dans n’importe quel coin de rue à Buenos Aires, à la station Roca, parmi les vendeurs à la sauvette.


Les Cahiers Accordéon (Le plat se fait pliable)
Il s’agit de cahiers en forme de frise et pliés réalisés dans le quartier de San Telmo : «Fusées perdues», «Tornaboda», “Cuaderno Friso Noval” y “Paisaje Calado”.

Cuaderno Friso Noval N°3
Texte écrit et dit par Luisa Futoransky
Musique: Luis Naón
Vidéo : Diego Pittaluga


Le pliable se fait dessin structurel
Presentation du squelette du dessin, la construction préalable au dessin classique.
Thème : un sèche-bouteilles. Ces dessins ont été réutilisés pour une mise en scène (installation) accompagnés de vrais meubles de bureau, (exposition ‘Transhumantes’, Galería Arteaga – Espagne).
Dessins montés également avec un autre type d’encadrement, comprimant l’œuvre jusqu’à la déformation, avec la seule intention d’accentuer encore la ligne, tel un bas-relief.
Dessin et installation pour Galería Arteaga.


Ce catalogue s’aventure dans la compilation et propose un bilan de ce processus.
Mais exprimons l’autre côté de la vérité.
ReLF*, ce choc graphique pour ceux qui aiment la musique de la ligne est sutout un hommage à une Muse de Buenos Aires, que l’artiste évoque dans quelque article de presse perdu :
Entre un dessin et un autre, ReLF est apparue avec un étrage préambule
identitaire : « J’aimais les catus et détestait les limaces »
.
Oh combien d’actes incendiaires peut-on attribuer à une Muse qui tremble pour des fleurs nées dans les épines et qui prolonge ses canines vers la bête rampante ! Elle était un va-et-vient rythmé et pyromane parmi des extrêmes, peut-être que l’œuvre d’art est quelque chose de semblable : le courage de se mettre à nu lentement dans une résidence en flammes.

Le célèbre tango de Cadícamo «Los Mareados» lui donna son sobriquet :
Rara, como encendida, la vi bebiendo Linda y Fatal”.
“Etrange, comme Enflammée, je l’ai vu boire Belle et Fatale”.
La ville de Buenos Aires, qui n’est qu’une supercherie partagée, niche ce type de croyances.

*Ce projet fut finalisé les premiers jours de 2013 dans le Festival de rock Impar, en
dessinant «live» avec les autres artistes de la Galería Arteaga.